Il y a un peu plus de quatre mois, nous étions encore entourés des glaces bleues et du silence poétique de l’Antarctique. Nous voici, plus de 6 000 milles nautiques (11 000 km) plus loin, dans les eaux turquoise de Polynésie.

En avion, on ne se rend pas compte de la distance parcourue, mais en bateau, le temps passe au fil des milles et sans y penser on laisse les cirés et les bottes de côté, puis on sort les chapeaux, les sandales et la crème solaire. Jour après jour, on se rapproche de la destination, mais n’ayant aucun point de repère au milieu de l’océan, c’est seulement le petit bateau sur le GPS qui nous confirme notre avancé.
Sur notre route à travers l’océan Pacifique, nous avons eu la chance de nous arrêter à l’Île de Robinson Crusoé et à l’Île de Pâques. Deux pauses bien méritées et c’est comme un miracle lorsqu’on a vu apparaître au loin une silhouette de montagne et peu à peu l’odeur de la terre et des arbres.

Pour moi, les navigations hauturières sont des moments où le temps semble s’arrêter. On est dans une routine de quart de nuit, de manoeuvres, de pêche et de cuisine. Rien n’a vraiment d’importance sauf le prochain thon sur la ligne à pêche…
L’arrivée sur les îles est une tout autre affaire. Les stimulations sont nombreuses et l’envie de bouger nous donne des ailes. Les odeurs et les couleurs semblent tellement surréalistes. Puis, peu à peu on se réadapte à la vie terrestre et on en vient même à oublier nos longues nuits en mer.
Arrivés aux Gambier (Est de la Polynésie), j’ai pu reprendre mes aquarelles. Les palmiers et les atolls sont bien différents des glaces et des montagnes d’Antarctique… Je m’adapte tranquillement à ce nouvel environnement où les couleurs et la vie ne manquent pas.

